Articles


LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"L'âme de l'empereur" - Brandon Sanderson

"L'art véritable allait au-delà de la beauté ; au-delà de la technique. Ce n'était pas une simple imitation. C'était l'audace, le contraste, la subtilité." On ne sait pas vraiment où l’on est, ni à quelle époque. C’est presque en passant que l’on apprend que l’action se situe dans l’Empire de la Rose, où l’on vénère quatre-vingts soleils. Mais cela n’a aucune importance. Wan ShaiLu est une faussaire. Une faussaire de génie, qui maîtrise un art aussi complexe que magique, considéré comme une abomination morale par les dirigeants de l’Empire. La falsification consiste à concevoir des tampons dont le sceau, appliqué sur un objet, en modifie l’histoire, le transformant ainsi en une autre version de lui-même. (J’adore l’idée, basée sur le principe que les objets ayant une perception d’eux-mêmes, il s’agit de les convaincre d’en changer en les trompant sur leur propre nature). Mais Wan ShaiLu est pour l’heure en mauvaise posture. Condamnée à mort pour avoir tenté de

"Révolution aux confins" - Annette Hug

Image
"La balle cède devant le mot, parce que le mot s'élève dans l’harmonie des forces en présence et fait surgir une énergie que les puissances matérielles ne peuvent contenir…" (José Rizal). Annette Hug s’attarde sur deux années de la vie de José Rizal, héros national philippin dont l’implication dans l’émancipation de son peuple du colon espagnol lui valut d’être fusillé à l’âge de trente-cinq ans. En février 1886, il arrive à Heidelberg après avoir étudié à Madrid puis à Paris l’ophtalmologie et la philosophie. Il a vingt-quatre ans, est diplômé de médecine de l’université de Manille, et il a dû fuir son pays natal, mis en danger par sa dénonciation des vices de l’administration espagnole et de la mainmise des pouvoirs religieux.  Il a l’intention d’optimiser ses journées, " en opérant des yeux le matin, en apprenant l’allemand l’après-midi, et en travaillant, la nuit, au roman " qu’il a entamé. Mais il rejoint une fraternité d’étudiants, fréquente assidument les

"L’usine" - Hiroko Oyamada

Image
"J'espérais qu'un cataclysme se produirait, mais il faisait beau et je suis allée au travail, sans prononcer un mot de la journée." L’usine est un complexe si vaste qu’on n’en voit pas la fin. Un fleuve la traverse, surplombé d’un pont que l’on évite de traverser à pied tant il est long. Comme une ville, elle a ses restaurants et ses hôtels, ses stations-service et ses logements, sa ligne de bus et ses commerces. Son influence s’étend sur toute la région, tout le monde y travaille ou connait quelqu’un qui y travaille. Nous suivons, dès leur embauche, trois de ces employés. L’une, diplômée, a postulé pour un CDI, et se retrouve avec un emploi de contractuelle consistant à actionner une déchiqueteuse à documents. Un autre -Furufué- est étudiant-chercheur à l’université. Il est recruté par l’usine pour analyser les mousses présentes sur son site en vue de végétaliser les toits. Le dernier, ex-ingénieur système inscrit dans une agence d’intérim, obtient un poste de correc

"La soustraction des possibles" - Joseph Incardona

Image
"Ce n’est pas de votre faute si vous êtes né pauvre. Mais si vous mourez pauvre, vous en êtes responsable." Les années 80. Genève et ses lieux qui attirent la richesse, ses club-houses et ses grands restaurants, ses salles de jeux et ses banques peu regardantes sur la provenance des fonds qui lui sont confiés. Il faut dire que d’un point de vue juridique l'évasion fiscale n'est pas considérée comme un délit par les autorités helvétiques, et la loi contre le blanchiment n'entrera en vigueur qu'en 1997. Et puis le capitalisme connaît alors, avec la chute du bloc soviétique, une de ses apogées. Place au règne décomplexé de la finance, qui ne connait ni frontière ni garde-fou. C’est donc une histoire d’argent ?  C’est en tout cas ce que l’on suppose d’emblée, en faisant la connaissance d’Aldo. Aldo Bianchi, 38 ans, est célibataire et professeur de tennis. Mais il peut faire mieux, et surtout ne veut pas se contenter de demi-mesures. Il veut grimper tout en-haut, d

Appel à lecture commune : STASILAND d'Anna Funder

Image
Je relaie ici la proposition de lecture commune de Sacha , suscitée par l'avis plus qu'enthousiaste d'Eva suite à sa lecture de Stasiland , écrit par la journaliste australienne Anna Funder. L'ouvrage est le résultat d'une enquête menée par l'auteure sur la Stasi, fondée sur des témoignages de victimes mais aussi d'agents de la police secrète de l'Allemagne de l'Est. Le rendez-vous est fixé pour le 17 juin, et les liens seront à déposer chez Sacha . J'en profite pour mettre ICI le lien de toutes les lectures communes que je propose jusqu'à fin septembre. N'hésitez pas à me/nous rejoindre pour une ou plusieurs d'entre elles !

"Une belle grève de femmes" - Anne Crignon

Image
"Parfois elles prenaient la colère et les puissants reculaient. Mais c’était pour nous qu’elles le faisaient, pour nous les enfants, auxquels elles voulaient offrir une autre condition que la leur et c’est pourquoi nous les avons tant aimées." Le hasard fait bien les choses : cette année 2024, que j’ai décidé de consacrer à la thématique du " Monde ouvrier & des Mondes du travail " est aussi celle du centenaire d’un épisode de l’histoire ouvrière auquel Anne Crignon rend hommage avec ce récit. Novembre 1924. Le Panthéon se prépare à recevoir le corps de Jean Jaurès (dont les liens innombrables avec le monde ouvrier justifient l’allusion à cet événement !). Douarnenez est le plus grand port sardinier de France. Des ouvrières qualifiées, au savoir-faire nationalement reconnu, font tourner à plein régime les vingt et une usines de la ville, assurant la prospérité de leurs propriétaires. Les ouvrières du Finistère, qui touchent 80 centimes de l’heure, sont pourtant

"Hana" - Alena Mornštajnová

Image
"Ils m’ont conseillé d’oublier parce qu’ils ne voulaient pas entendre ce que je pourrais raconter." C’est à partir de ceux de l’année 1954 que Mira, la narratrice, entame le récit de ses souvenirs. Elle a neuf ans, et vit dans la petite ville tchécoslovaque de Valašské Meziříčí. Cette année sera funeste, mais on ne le comprend pas d’emblée. Elle commence par nous expliquer que sa désobéissance lui a alors sauvé la vie, revient sur l’épisode auquel elle se réfère ainsi, une bêtise d’enfant pour laquelle sa mère la punit. Cela se conclut par la mort de ses parents et de ses frère et sœur, emportés par le typhus.  Mira est recueillie par sa tante Hana, seule à avoir survécu à la fièvre typhoïde fatale au reste de la famille. Hana a toujours été un mystère. La fillette, que sa tante effraie, la compare à un grand papillon de nuit. Toujours vêtue de noir, mutique, elle n’a jamais manifesté le moindre intérêt pour ses proches, ni même d’ailleurs pour quoi que ce soit. Lors des réun